Enquête: Kassem Safa
Traduction: Diala Hanna
ANI - Avec son cours de 170 km et plus de 16 affluents, le Litani est le plus long et le plus abondant des fleuves du Liban. Sa principale source, Nabeh al-Elleikh, est située à Baalbek et le fleuve traverse la plaine de la Békaa du nord au sud, pour se jeter enfin dans la mer méditerranée, à Qassimieh, au nord de Tyr.
Le Litani assure l'irrigation de 80% des terres agricoles de la plaine de la Békaa et de 20% de celles du Liban-Sud. Plusieurs projets hydrauliques, agricoles et électriques ont fleuri sur ses rives, les plus notoires étant le barrage et le lac du Qaraoun situés à l'extrémité de son bassin supérieur, ainsi que le projet de Qassimieh qui irrigue les champs d'agrumes et de bananiers entre Adloun et Tyr. Sans oublier les projets de Markaba, al-Awali et Joun, Sinik, le lac d'Inan, et les projets d'irrigation de Ras el-Ayn et de la Békaa-Ouest.
Le projet de Tibeh, qui permettrait d'approvisionner les régions de Bent Jbeil et Marjehioun en eau potable, est en cours d'exécution.
Le Litani est alimenté par de nombreuses sources souterraines, disséminées sur ses bords entre la Békaa et le sud.
Plusieurs usines, commerces et parcs ont été créés sur ses rives pour profiter de son eau.
Les agriculteurs racontent que le fleuve avait, dans le passé, un immense lit d'inondation en temps des fortes pluies, mais que cette zone avait payé le prix des infractions. Ils rappellent que la crue de 1995 avait poussé les autorités à éliminer certaines de ces infractions, mais aussi à couper des arbres centenaires.
Cette démarche fut toutefois discrétionnaire, puisque les parcs ont refait leur apparition, réduisant la largeur du fleuve et menaçant, par la suite, les vergers avoisinants avec l'augmentation des précipitations annuelles.
Malheureusement, la pollution du Litani et la baisse de son débit ont fait l'actualité ces derniers mois. Ceci est dû à plusieurs raisons, notamment la densité de la population sur les rives du fleuve et les usines non contrôlées qui y déversent leurs déchets.
Le facteur de la densité de la population est éliminé au Liban-Sud et dans le sud de la Békaa, mais la pollution du fleuve est provoquée, dans cette partie, par les cafés et les parcs, toujours non contrôlés et qui ne respectent pas les moindres normes sanitaires.
Les égouts de Tyr, Nabatiyeh et Bent Jbeil qui se déversent dans le fleuve à travers les vallées et les cours d'eau, malgré les mesures prises par les municipalités, contribuent aussi à cette pollution.
Quant à la baisse du débit du fleuve, elle est due aux puits artésiens qui ont provoqué l'assèchement de nombreuses sources locales, ainsi qu'aux projets d'irrigation privés, sans oublier la baisse du taux de précipitations annuelles.
"Nous avons levé la voix pour mettre en garde contre les dangers qui menacent le Litani. Nous pleurons notre fleuve en été et, en hiver, nous observons son eau qui se déverse dans la mer, alors que nous aurions pu construire des petits barrages, des lacs et des étangs artificiels", signale le chef de l'Union des municipalités de Tyr, Abdel Mohsen Housseiny.
Le Litani est l'objet des convoitises de l'entité sioniste ennemie parce qu'il représente une artère vitale pour les habitants des régions qu'il traverse. Il a permis aux habitants de résister à l'ennemi quand ce dernier a envahi le Liban en 1978. Par cette offensive, baptisée "Opération Litani", l'ennemi voulait dessiner une nouvelle frontière pour son Etat, aux dépens des habitants du Liban-Sud.
Le Litani est un fleuve vital mais négligé. Il pâtit des violations et des convoitises. Qui pourrait donc le sauver de la pollution pour que le Liban puisse profiter de ses richesses tout au long de l'année?
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