ANI - Le monde de l'art célèbre un ajout remarquable avec l'ouverture du musée Saloua Raouda Choucair, un hommage à l'une des artistes modernistes les plus influentes du Moyen-Orient. Situé à moins d'une heure de Beyrouth, ce musée n'est pas seulement un lieu de conservation de l'art, mais aussi un témoignage vivant de la créativité humaine qui s'intègre harmonieusement dans l'environnement naturel.

Née à Beyrouth en 1916, Saloua Raouda Choucair a été une pionnière dans le monde de l'art moderne. Son parcours l'a conduite à Paris en 1948, où elle a étudié avec Fernand Léger et joué un rôle essentiel dans la création de l'Atelier de l'Art Abstrait, dirigé par Edgard Pillet et Jean Dewasne. Elle a été parmi les premiers artistes arabes à participer au Salon des Réalités Nouvelles en 1951, ce qui a fait d'elle une figure importante du mouvement mondial de l'art moderne. Ses œuvres comptent désormais parmi les collections permanentes de grands musées du monde entier.

L'œuvre de Choucair est un mélange unique d'abstraction occidentale et d'esthétique islamique, qui puise au plus profond de ses intérêts pour la science, l'architecture, les mathématiques et la poésie arabe. Elle est connue pour avoir intégré les principes mathématiques de l'art islamique aux formes abstraites modernes, créant ainsi un art qui respire à la fois la discipline intellectuelle et la beauté poétique. Ses sculptures reflètent souvent le concept de l'infinitude et de l'interconnexion des formes, s'inspirant de la philosophie soufie et de la poésie arabe.

La Célébration du 108e anniversaire de Choucair
Inauguré le 24 juin, jour de ce que cela aurait été le 108e anniversaire de Choucair, le musée Saloua Raouda Choucair invite les visiteurs à se plonger dans l'univers de cette pionnière de l'art abstrait ainsi qu'à explorer son esprit novateur et son impact profond sur l'art moderne. En se promenant dans le musée et son jardin de sculptures, les visiteurs peuvent découvrir l'œuvre de l'artiste et apprécier l'interaction entre son art et l'environnement naturel. Ils sont également invités à découvrir l'influence durable de l'art de Choucair et sa contribution au contexte plus large de l'histoire de l'art.

« Bien qu'elle soit née et ait grandi à Beyrouth, mère a toujours été enchantée par la transparence de la forêt de pins », a déclaré Hala Schoukair, fille de l'artiste et présidente de la Fondation Saloua Raouda Choucair, lors de l'inauguration. « Et lorsqu'elle a découvert ce terrain où nous nous trouvons aujourd'hui, elle a été très inspirée par ses arbres, ses plantes et ses rochers, et elle en a immédiatement produit le plan. Nous voici donc, bien des années plus tard, en train d'inaugurer sur ce même terrain un musée qui permettra à l'art de ma mère d'être admiré par les générations à venir ».

La Fondation, qui sauvegarde et transmet le riche héritage de l'artiste, a créé un espace qui présente non seulement la vaste collection de Saloua Raouda Choucair, mais qui abrite également ses archives personnelles. Ces dernières fournissent des informations inestimables sur le processus de pensée de l'artiste, son développement artistique et les contextes culturels et historiques qui ont influencé son œuvre.

Une collection riche et variée
Le musée abrite environ 600 pièces, dont 500 exposées, qui témoignent de l'utilisation polyvalente par Choucair de matériaux aussi variés que la terre cuite, le bois, la pierre, la fibre de verre, les feuilles de métal, le laiton, le bronze, l'aluminium, le plexiglas et l'acier inoxydable. La collection comprend également ses créations innovantes en matière de mobilier, de tapis, d'assiettes et de bijoux, soulignant sa conviction que l'art doit être imbriqué dans la vie de tous les jours.

Conçu par le célèbre architecte libanais Karim Bekdache, le musée Saloua Raouda Choucair est un joyau de modernité et de sensibilité environnementale. La vision de Bekdache s'aligne parfaitement sur la topographie naturelle de son cadre, la structure semblant flotter de manière protectrice au-dessus de la végétation luxuriante. Le bâtiment se fond dans les pins, réduisant au minimum l'impact sur le paysage, ce qui illustre parfaitement la philosophie de Choucair selon laquelle l'art doit faire partie de la vie de tous les jours.

« J'espère que ce petit pays, grâce aux efforts de tant de Libanais travaillant sur tant de fronts et avec tant d'institutions pour préserver notre patrimoine et promouvoir notre art et notre culture, retrouvera la place qui lui revient en tant que cœur battant de l'innovation », a souligné Hala Schoukair. « J'espère également que le petit musée que nous inaugurons aujourd'hui jouera un rôle dans cette démarche ».
 

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