ANI - La députée Sethrida Geagea a adressé une lettre au président du Parlement Nabih Berri, dans laquelle elle déclare :
"Du cœur de la souffrance, celle que nous partageons tous, je me tourne vers vous, Monsieur le Président, d’un point de vue constitutionnel d’abord, et communautaire ensuite, avec un cœur sincère et un esprit qui ne vise que l’intérêt de tous les Libanais, quels que soient leurs appartenances communautaires, sectaires ou régionales. Je vous appelle à prendre une position historique, à l’instar de grands hommes de la communauté chiite, tels que l’imam disparu Sayyed Moussa Sadr et l’ancien président du Conseil islamique chiite suprême, Cheikh Mohammed Mahdi Chamseddine, que Dieu ait son âme. Une position exceptionnelle, salvatrice et audacieuse, qui sortirait nos concitoyens de la communauté chiite de cette catastrophe et de la profonde souffrance qu’ils traversent, une souffrance qui a coûté la vie à leurs proches, anéanti leurs économies et les a déplacés au sein de leur propre pays, loin de leurs foyers.
Nous sommes là les uns pour les autres ; rencontrons-nous sur la base du pacte national libanais et de l'authentique vérité dorée, la base de "ni vainqueur ni vaincu", dont le fondement est un État garant et protecteur pour tous. Il a été prouvé que ceux qui ont combattu pour cela, le "Hezbollah", et ont envoyé des centaines de ses jeunes à la mort pour maintenir son système, l'ont abandonné dès le premier obstacle, sans aucune assistance, et n'ont même pas pris la peine de faire une déclaration, une phrase ou un mot. Je parle ici de Bachar el-Assad. Et les choses ne se sont pas arrêtées là ; son frère, Maher el-Assad, a même décidé de ne pas accueillir un seul membre du "Hezbollah" de peur d'être ciblé.
Je mentionne cela car cela prouve que Bachar el-Assad a utilisé les jeunes chiites du Liban comme combustible pour protéger son régime, et lorsque le signal de la guerre a sonné et qu'il avait besoin de soutien, il a échangé le sacrifice le martyre contre un intérêt personnel, les abandonnant sans se soucier de l'enfer dans lequel ils se débattent."
Geagea a poursuivi : "Quant à l'Iran, Monsieur le Président, vous savez mieux que quiconque que tout ce qu'il fait, c'est suivre les événements et les développements de l'incendie qui consume le Liban, tout en maintenant la distance nécessaire pour protéger ses intérêts. Bien que tous, proches et lointains, comprennent qu'il est derrière ce qui se passe, ce n'est pas par des conseils ou des souhaits, mais par des missions précises. Et même s'il bouge de temps en temps, c'est seulement pour sauver la face ; cela ne va pas au-delà d'une condamnation verbale, ou, dans des moments de grande gêne, d'une réponse formelle, préalablement annoncée et coordonnée. Il n'hésite jamais à continuer l'incitation publique et l'encouragement implicite à poursuivre le combat, jusqu'au dernier jeune chiite libanais, comme si nos meilleurs jeunes n'étaient considérés que comme du combustible pour ses batailles, alors que ses propres jeunes et citoyens profitent de la sécurité et de la stabilité."
Elle a ajouté : "Les moments décisifs nécessitent des décisions décisives, et ces décisions exigent la présence de dirigeants audacieux. C'est pourquoi je vous appelle à prendre l'initiative d'assumer la responsabilité historique de sortir votre communauté de la politique des alliances et de l'amener au cœur de la nation, au cœur du Liban, afin que nous puissions ensemble sortir le Liban de la guerre et de la destruction vers la stabilité et la prospérité. Nous sommes la garantie les uns des autres, et l'État est notre abri à tous. L'État et ses institutions constitutionnelles, en particulier son armée, sont notre refuge ultime. Soyez la voix de votre communauté souffrante, soyez sa voix salvatrice, sortez-la de sa situation actuelle et ramenez-la là où l'imam Sayyed Moussa Sadr et l'imam Mohammed Mahdi Chamseddine l'ont voulu. Engagez-vous-en son nom à appliquer la résolution 1701 dans toutes ses dimensions, en particulier le point concernant la résolution 1559, afin qu'elle se relève de sa chute et que nous puissions tous relever notre pays sur une base légitime qui nous protège, avec une armée unique qui nous défend et un avenir commun qui nous attend... Créons-le ensemble, main dans la main."
===============D.CH.