Enquête rédigée par Lina Younis
Traduite par Nayla Assaf
ANI - L'émigration des Libanais n'est pas récente mais remonte dans le temps. Ils ont quitté leur pays à la recherche d'une vie décente et honorable. Avec le déclenchement des guerres intestines au Liban, le chômage et les difficultés économiques, les vagues de l'émigration vers les pays étrangers se sont accrus, notamment vers les Etats-Unis, le Canada, l'Australie, l'Afrique et l'Europe.
Il s'agit alors de différencier entre l'émigration à deux volets: légale et clandestine. La deuxième [émigration clandestine] définit l'émigration d'un pays à un autre par la violation des lois en vigueur dans le pays concerné. L'entrée se fait illicitement et sans obtention d'un visa.
Dans la majorité des cas, les émigrés clandestins sont originaires des pays du tiers-monde. Ils aspirent à une vie meilleure dans un pays développé qui ne ressemble point au leur. Leur long périple était semé de multiples dangers et s'achevait par des tragédies, comme l'a été le voyage à bord de l'embarcation indonésienne vers l'île australienne Carsmiles qui a fait 29 morts libanais parmi les voyageurs clandestins ainsi que 21 disparus.
Selon les investigations effectuées en ce sens, ces émigrés ont été les victimes de personnes qui exploitent la situation des pauvres. La cause de ces derniers n'est toujours pas fermée mais elle constituera une leçon pour les autres et requerra alors l'intervention de l'Etat libanais en vue de mettre un terme à des tragédies prévisibles.
L'ANI a rencontré l'ambassadeur en charge des affaires de trafic d'hommes au sein de la diplomatie australienne, Craig Chittick lors de sa présence au Liban pour une mission visant à "sensibiliser les gens sur la politique australienne en ce qui concerne l'émigration clandestine vers son pays, à savoir les émigrés libanais".
En réponse à une question sur les mesures supplémentaires et extraordinaires prises par l'Australie relatives à l'émigration illégale, le responsable a indiqué que "le gouvernement fraichement formé adopte une politique claire envers les personnes qui arrivent par voie maritime et sans visa en Australie. Dans ce cas, ces personnes, sans exclure les Libanais, sont emmenés vers Papouasie - Nouvelle Guinée ou Naoro où les instances concernées de ces pays, et non l'Australie, enquêtent pour s'assurer de la véracité de leur statut de réfugié".
"S'il s'avère que ces émigrés sont des réfugiés, ils seront alors naturalisés à Papouasie - Nouvelle Guinée ou Naoro. Chaque réfugié qui arrive en Australie sans visa n'y restera pas. Près de 263 citoyens libanais sont arrivés, en 2013, par les embarcations en Australie, avant la tragédie de l'embarcation indonésienne. Depuis juillet 2013, tous ceux qui ont foulé le sol australien sans visa sont transférés vers les pays déjà signalés", a-t-il déclaré.
Interrogé sur la possibilité de proposer aux responsables libanais concernés d'éviter l'émigration clandestine en Australie, M. Chittick a assuré que "le gouvernement de son pays fournit des efforts en ce sens avec l'Etat libanais. Les bonnes relations entre les deux pays permettent le rapatriement des émigrés libanais en Australie et qui ne relèvent pas de la catégorie des refugiés", citant "les groupes criminels qui prennent en charge le trafic d'hommes et qui leur promettent une nationalité australienne".
"L'Australie a un programme entier pour l'émigration légale. Nous incitons les personnes qui veulent se rendre dans notre pays à soumettre des demandes pour obtenir un visa légal", a-t-il expliqué, mettant l'accent sur "les procédures juridiques de l'émigration légale afin de venir en aide aux Libanais. Le trafic d'hommes représente un crime en Australie. Nos lois élaborées dans ce cadre ont sanctionné des Australiens qui sont coupables de ce délit", s'est-il indigné.
L'ambassadeur a révélé que "l'Australie coopère avec d'autres pays en vue de traduire les trafiquants étrangers en justice australienne".
Par ailleurs, Il a qualifié la diaspora libanaise en Australie de "distinguée et de constructive". "Cette dernière contribue efficacement au sein de la société australienne", a-t-il dit, donnant pour exemple "le rôle du gouverneur de New South Wales, Marie Bachir qui est d'origine libanaise".
Il a enfin présenté ses condoléances pour les victimes de l'embarcation indonésienne qui ont tout vendu et ont quitté les être chers à la recherche d'une nouvelle vie. Mais la mer les a engloutis.
